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VIVEROLS (63)
La tour d'Hector
(ou le mausolée GRANET)
Le texte ci-dessus est extrait - sans y changer une virgule - du site http://viverols.free.fr/
et publié avec l'aimable autorisation de son propriétaire Jean-Yves ALLARD.
Qu'il en soit ici vivement remercié.

De vous à moi, profitez de votre visite sur ce site pour organiser une visite à ce très joli village de VIVEROLS.
A bientôt sur d'autres sentiers, pour d'autres histoires.
Bien amicalement,
Jean-Claude.
Mai 2009

« A quelques centaines de mètres du cimetière de Viverols, le voyageur apercevra, surplombant le cimetière, une tour et un mausolée. Ce sont les lieux d’un pèlerinage incroyable : là, il y a 80 ans, le fils à l’accordéon faisait visiter son père dans l’alcool…

Secrétaire de mairie à Viverols , juste avant la première guerre mondiale, collectionneur, poète et célibataire, ce petit homme vif, le cheveu à la diable et l’œil noir, pétillant de malice, Hector Granet décida de faire reposer son père étendu dans un cercueil de plomb rempli d’eau de vie : on appellerait plutôt cela une baignoire de zinc revêtue de ciment et hermétiquement close, une ouverture vitrée pratiquée dans le couvercle permet de voir le visage du défunt dont les cheveux et la barbe ont poussé dans l’alcool d’une manière tout à fait extraordinaire ; les traits sont calmes et pleins et la peau a ce teint « recuit »…

Avant d’entrer en compagnie de touristes qui l’accompagnaient dans la demi-ténèbre du caveau, Hector Granet frappait doucement à la porte…« Papa, je t’amène de la visite » et le fils entrait en compagnie des invités. Le groupe se rangeait autour de la cuve. « Voici Monsieur mon Père » faisait le bon Hector, d’un ton badin, en rabattant une trappe en bois doublée de fer toute poisseuse de larmes de rouille… Sous la lueur vacillante du fenestron taillé dans la pierre, par le hublot rectangulaire ménagé dans le plomb, une face apparaissait…

De son vivant, Isidore Granet était glabre et chauve, la lotion posthume fidèlement entretenue par son fils qui venait régulièrement approvisionner le bain d’eau de vie avait heureusement réagi sur le système pileux : chevelure et barbe avaient poussé tout en blancheur.

« Avouez qu’il a bonne mine » lançait Hector Granet en refermant la maison de papa, puis de son pas vif, il remontait l’étroit escalier qui conduisait à sa Chapelle-Musée. « Je l’ai construit assez raide pour voir les mollets de ces dames » confessait-il à des amis, quelques minutes plus tard, autour de la cheminée trônant en bonne place. Dans le Musée, Hector prenait son accordéon pour mener la danse… « Mon père aimait toutes les créatures de Dieu, depuis les chèvres jusqu’aux jolies femmes. Il goûtait fort la musique et je joue pour lui sur cet accordéon les vieux airs qu’il aimait. Il faisait aussi des poèmes pour son père. Hector Granet invitait aussi tous les noceurs du pays à venir s’ébattre au bord de cet enclos qui n’avait rien de funèbre.

Lorsqu’il mourut en 1924, M . Viannet, chirurgien de Saint Etienne, fit une courte halte à Viverols pour l’embaumer. Cette opération exigée par le défunt, lui avait coûté dix mille francs de l’époque, mais elle lui avait permis de rejoindre son père dans ce mausolée qu’il avait fait construire trente ans plus tôt. » 

D’après un article de M. Teyssier paru dans «  La Montagne  » du 14 août 1975  


Aujourd’hui devenu propriété de la mairie, le mausolée attend d’être restauré, seule la toiture est refaite. Il n’est plus possible de « visiter » le caveau, Hector et son père dorment désormais au cimetière, quelques mètres plus bas.