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Les pierres guérisseuses
de MONTARCHER.
          Au plan historique, un événement qui s'est déroulé il y moins de quatre vingts ans, nous semble récent.
            Pourtant, le récit qui vient de m'être conté par le fils d'un des protagonistes de cette histoire qui s'est déroulée dans le premier tiers du 20ème siècle, me semble sortir d'un temps qui n'est plus le nôtre et qui nous parait déjà si lointain.
            A l'époque où elle s'est déroulée, il y avait déjà quinze ans qu'Albert EINSTEIN avait découvert les lois de la relativité et que Flemming dans quelques années allait nous mettre sur la voie de la pénicilline.
            En lisant ce qui va suivre, lettre émouvante dont je vous montre un fragment  ci-dessous, et que j'ai recopiée in extenso, vous mesurerez le décalage qui pouvait exister entre les ...nantis de l'époque - les années folles, vous en avez entendu parler ? - et les  gens simples de nos campagnes.
Merci Paul de m'avoir confié un tel document, écrit en janvier 2001 à ton intention par le petit garçon soigné par ta maman en 1930.
 
Il y a un tel raccourci de temps à sa lecture que je n'ai pas résisté au plaisir de  le faire figurer ici et de le soumettre à mes lecteurs.

Merci encore Paul pour ta gentillesse.
Jean-Claude.
Juin 2008.

  
            C’était en 1930 (j’avais alors 8 ans) ou en 1931.
            J’habitais à la Cruzille, un village près de Saint-Jean Soleymieux, avec ma mère et mon frère de deux ans mon aîné, dans une vieille maison sans confort dont nous étions locataires.

            Un jour, vers la fin du printemps, je sentis une douleur, comme une brûlure, à mon œil droit. J’en fis part à ma mère.
            Elle m’examina et décela une tache jaunâtre dans le blanc de l’œil.
            Elle me dit : « Je crois que c’est la tache jaune. »
            A cette époque-là, on n'appelait que très rarement le docteur car il n’y avait pas de garanties sociales ; et ma mère, veuve de guerre, n’ayant pas encore eu l’attribution d’une pension, avait des ressources plus que modestes. Il n’y avait d’ailleurs pas de médecin à Saint- Jean Soleymieux. Les docteurs les plus proches étaient à Saint Bonnet le Château et à Montbrison.
            Ma mère examina encore une fois mon œil douloureux et me dit : » C’est certainement la tache jaune, il va falloir aller à Montarcher chez Madame C., qui possède les pierres guérisseuses de cette lésion. »
            Le lendemain, en début de l’après midi, nous partîmes à pied, par des chemins caillouteux et les coursières, en direction de Montarcher. Ma mère, ayant mis un bandeau sur mon œil douloureux, me donnait la main pour m’aider à marcher. Autour de nous le temps était radieux, l’air sentait bon le parfum des fleurs des champs et les oiseaux, heureux de cette belle journée, chantaient à cœur joie.
            Au bout de deux heures de marche, nous arrivâmes à Montarcher, chez Madame C. qui nous accueillit avec sa gentillesse coutumière. Ma mère lui exposa le but de notre visite et lui demanda de faire tout ce qui était en son pouvoir pour que disparaisse cette maudite tache jaune qui avait affecté mon œil droit.
            Madame C. avec un soin tout maternel, me fit asseoir  sur une chaise et, s’étant agenouillée en face de moi, écarta mes paupières et examina mon œil douloureux. Puis, elle déclara :  « C’est bien la tache jaune, pour la faire disparaître, je vais mettre une pierre guérisseuse qui l’enlèvera. » Elle alla quérir une petite boîte où se trouvaient deux petites pierres, chacune en forme de disque allongé de quatre ou cinq millimètres de diamètre. Ces pierres de silex blanchâtre étaient si lisses sur toute leur surface qu’on aurait cru qu’une main experte les avait polies evec un soin extrêmement minutieux. D’où provenaient ces pierres ? Je ne l’ai jamais su.
            Madame C. prit une de ces pierres et, soulevant ma paupière supérieure, l’introduisit dans mon œil. Par mesure de précaution, elle m’avait caché le visage avec une serviette blanche qu’elle avait attachée par deux bouts derrière le cou et par les deux autres bouts en haut du crâne. C’était, disait-elle, afin de récupérer la fameuse pierre au cas où elle sortirait de l’œil et tomberait dans la serviette. Elle me fit incliner la tête et la reposer sur le dossier d’une chaise qu’elle avait placée devant moi. Elle me recommanda de ne pas bouger et de garder les yeux fermés. Elle me laissa ainsi une heure environ dans cette position.
            Au bout de ce temps, avec d’infinies précautions, elle détacha la serviette par le haut et s’assura que la pierre était bien tombée à l’intérieur de la serviette. Elle la récupéra et quelle ne fut pas ma surprise ? La pierre guérisseuse avait accompli son œuvre et avait agglutiné autour d’elle toute la « fange » de la tache jaune. Il n’en restait aucune trace dans l’œil et la douleur avait disparu.
            J’étais guéri. C’était miraculeux.
            Ma mère était tellement heureuse qu’elle ne savait comment remercier cette bonne Madame C.
            Voilà l’histoire véridique des pierres guérisseuses de Montarcher telle que je l’ai vécue dans mon enfance. J’en garde et j’en garderai toujours un souvenir inoubliable.
            Il y a quelques années, au cours d’une promenade à Montarcher, j’ai rencontré Paul le fils de Madame C. Au cours de notre conversation, je lui ai relaté ce qui s’était passé et comment j’avais bénéficié du pouvoir guérisseur de la pierre de Montarcher. Je lui ai demandé ensuite ce qu’il était advenu de ces pierres et s’il les possédait toujours. Il m’a répondu qu’il n’y avait plus de pierres guérisseuses à Montarcher. Enfant, il les avait prises à l’insu de sa mère pour s’amuser, les avait égarées et, malgré ses recherches, n’avait pas réussi à les retrouver. C’était bien dommage et il le regrettait profondément.

A Saint Jean Soleymieux, le 25 janvier 2001.